Du rapport de l’année 2019, présenté par le Pr Michel-CyrDjienaWembou, Secrétaire Permanent de la communauté économique et monétaire des Etats de L’Afrique centrale, il ressort que les six Etats de la CEMAC se sont globalement améliorés quant à la mise en application des mesures visant la réduction des déficits publics.
Sous la base des résultats obtenus au terme de l’année 2019 par le programme de réformes économiques et financières de la Cemac (Pref-Cemac), il est à noter que ceux-ci traduisent une certaine assiduité dans le respect de la discipline économique et financière par les six membres de l’organisation sous-régionale. De manière schématique, 6 réformes sur 10 (au moins) ont été complètement mises en œuvre par les Etats selon le rapport annuel 2019.
Pour ce qui est de la maitrise d’actions du Pref-Cemac, les piliers où on note une bonne performance des Etats sont ceux qui ont trait à la bonne santé des comptes publics. Il s’agit des piliers 1,2et 5. Notamment, des actions de réforme des politiques budgétaires (pilier 1) politique monétaire et système financier (pilier 2) et coopération internationale (pilier 5).
De manière structurelle, le pilier des politiques budgétaires connait une performance de 90,3%. Ce score est acquis grâce aux mesures visant la réduction des subventions aux entreprises mises en œuvre par 3 pays sur 6. La maitrise mise de la masse salariale concourt également à cette bonne performance : 4 pays sur 6 ont initié des actions en ce sens. En outre, les pays ont agi pour sécuriser les recettes fiscales et douanières.
Le pilier 2 sur la politique monétaire et le système financier réalise une note globale de 74,7%.la reconstitution des réserves de change en est le fait majeur : elles sont passées de 3776,7 milliards FCFA en 2018 à 4371,5 milliards FCFA en 2019, soit une hausse de 16% entre 2018 et 2019. Avec le renforcement de l’autonomie de la banque centrale par l’adoption des statuts qui consacrent l’interdiction des financements directs de la banque monétaire a été améliorée. Pour ce qui est du système financier, on peut évoquer la redynamisation des marchés financiers à travers la restructuration et l’optimisation des structures du marché financier unifié (régulateur, bourse et dépositaire central unique). On a également la réforme de la Banque de développement de l’Afrique centrale (BDEAC) qui repart avec des résultats nets bénéficiaires depuis bientôt 3 ans.
Le pilier 5 renvoie à la coopération internationale et porte non seulement sur la négociation et la conclusion des partenaires avec le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, mais aussi sur la tenue de toutes les revues. Sa note globale annuelle est de 100%.
OPTIMISATION
Un autre indicateur qualitatif vient magnifier la bonne année 2019 du Pref-Cemac. Depuis son entrée en opérationnalisation, il s’agit de meilleuresperformances que les Etats aient pu réaliser. L’évaluation à fin 2019 des actions mises en œuvre dans le cadre du Pref-Cemac indique une note globale de 63,3 points, en augmentation de 17,5 points par rapport au résultat de 2018 (45,8 points) sur l’ensemble des piliers du programme avec des performances plus ou moins importantes, d’un pilier à l’autre. Par rapport à l’ensemble des cibles du Pref-Cemac à l’horizon 2021, le taux de réalisation obtenu en 2019 est de 61,4%. Enfin 2018, ce taux de réalisation était de 44,5%. A la conférence de presse de présentation du rapport annuel 2019 du Pref-Cemac,le 3 septembre 2020, le secrétaire permanant de ladite structure explique que ces résultats mettent en lumière « une accélération de la mise en œuvre du programme en 2019 ».
MENTION MEDIOCRE POUR LA TRANSFORMATION STRUCTURELLE
Avec 44,6% d’implémentation de mutations des structures économiques induise une mention médiocre. Le défi structurel urgent des pays de la Cemac est bien celui de la diversification économique et partant de l’industrialisation. Cette conviction, partagée par l’ensemble des partenaires et les Etats eux-mêmes, est constante depuis au moins 2014, lorsque les prix des matières (notamment le pétrole) ont chuté sur le marché international.
Pourtant, depuis 2018, date du début date du début d’évaluation des réformes économiques dur Pref, les réformes structurelles sont en timide implémentation. Au terme de l’année 2019, elles n’ont connu que 44,6% de mise en œuvre. C’est le pilier moins performant !
CAUSES MOBILES
Plusieurs facteurs pourraient justifier cette situation : l’orientation budgétaire des programmes de première génération avec le FMI ; l’absence de ressources financières suffisantes pour induire une industrialisation conséquente ; l’omniprésence du secteur public ; l’étroitesse du cadre macroéconomique pouvant aménager un environnement accommodant de compétitivité…
Toutefois, on constate que les réformes d’amélioration du climat des affaires piétinent ; l’orientation partenariat public privé se met timidement en place; un consensus national et sous régional sur la compétitivité (filières de production et de croissance, chaine de valeurs, spécialisation et complémentarités, priorisation) reste inexistant.
Pr Michel-CyrDjienaWembou a expliqué la performance de ce pilier au cœur des réformes de la Cemac à la conférence de presse du 3 septembre 2020. Il indique que « les Etats n’ont pas toujours mis en place, de manière vigoureuse, les réformes qui concourent à l’amélioration du climat des affaires, à la diversification des économies et au renforcement du capital humain, facteur important pour l’amélioration de la productivité. En effet, seulement 37,9% des actions à mener jusqu’en 2021 ont été accomplies pour ce pilier ».
La situation est inquiétante et le rapport va plus loin dans la démonstration de cette conclusion. Sur des cibles primordiales telles que la diversification, le développement du secteur privé ou encore le financement alternatif des économies, toutes les notes par objectif sont inférieures à la note globale. La diversification économique et le développement du secteur privé enregistrent 42,2%. En matière de développement des formes alternatives de financement des économies, les Etats enregistrent une note globale de 33,9%.
Seule la performance sous régionale de l’amélioration du climat des affaires connait une performance au-dessus de la moyenne : 54,6%.
Pour le secrétaire permanent du Pref-Cemac, beaucoup restent à faire sur ce pilier qui est central dans la transformation des économies de la Cemac. « Michel-Cyr DjienaWembousugère d’ailleurs que, en plus des mesures prévues dans le Pref-Cemac, il serait de bon ton que l’obligation locale de plus de 85% des grumes de bois, qui est appliquée par presque tous les pays de la zone, soit étendue à toutes les matières premières exploitées dans l’espace Cemac »