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FOUMBAN | Le Sultan Roi et Mme le Maire vers UN AFFRONTEMENT ?

Par RAOUL PEPIN

Difficile à comprendre ce climat indésirable qui règne entre l’autorité traditionnelle et l’autorité municipale qui reprocherait au sultan roi des Bamoum son excès de zèle. Madame le maire de la commune de Foumban visiblement dans une posture trop offensive ne mettrait-elle pas en mal son premier mandat à la tête de l’illustre commune de Foumban jadis dirigée par son feu époux ?

D’emblée, l’on ne peut qu’exprimer un profond regret devant les dissensions portées au grand jour, ourdies par Madame le Maire de la commune de Foumban avec pour point de mire l’autorité de Sa Majesté le Sultan Roi des Bamoun.

Par Raoul Pépin Mbena Bena

D’abord par le fait que les fins d’année se veulent conviviales, même d’irréductibles ennemis profitant parfois de cette période pour observer une trêve. Or dans le département du Noun , il n’en est rien, comme le montre la virulence de la lettre pondue par l’Honorable Tomaimo Ndam Njoya, ci-devant Maire de Foumban, à l’adresse du Sultan. Une attitude aussi inopportune qu’irrévérencieuse, au préjudice d’un monarque méritant tout notre respect.

En effet, le 29 novembre dernier, la “Porte des Tranchées”, le tout premier monument que l’on pouvait admirer en entrant dans la ville de Foumban, était parti en fumée. Conscient de l’importance de ce symbole pour tout le peuple Bamoun sur le plan traditionnel et culturel, de l’attraction qu’il représentait en termes de richesse touristique de sa capitale, dès le lendemain du sinistre le Sultan en a entrepris la réhabilitation. Par lettre il mit Mme le Maire au courant de son initiative : déjà, l’on ne peut qu’apprécier la délicatesse qu’il a eue d’en informer l’édile de la municipalité. Car en prenant ce problème à bras le corps il était bien dans son rôle, puisqu’il s’agit d’un monument mémoriel, culturel, érigé par un de ses ancêtres dont il perpétue la lignée. Cet édifice restant un héritage traditionnel. Lui le digne représentant d’une dynastie dont le trône reste au cœur de la vie de tout le royaume, et est garant de la préservation de son patrimoine matériel et immatériel. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si jusqu’aujourd’hui d’importantes activités artisanales s’exercent à l’entrée même de l’enceinte du Palais. Assumant fort logiquement une de ses missions, il revenait bien à Sa Majesté Ibrahim Mbombo Njoya Sénateur Roi  d’être au centre de la reconstruction de cette mythique “Porte des Tranchées”. Lui seul pouvait en dernier ressort en agréer la conformité, une telle œuvre devant respecter certaines normes artistiques dont la mystique n’est nécessairement pas accessible au premier venu. En tant que dépositaire des traditions Bamoun le Roi a donc lancé le projet, qu’il a conduit ” avec la participation des forces vives et des populations de sa communauté “. Ainsi l’écrivit-il ce 21 décembre à Mme le Maire pour l’inviter à la “cérémonie traditionnelle d’inauguration” programmée pour le 03 janvier 2021.

C’est la suite réservée à cette lettre d’invitation qui m’a outré, autant elle vous fera dresser les cheveux sur la tête. D’abord dans la forme, l’Honorable Tomaimo Ndam Njoya n’ayant pas eu le courage d’adresser directement sa réponse à la personne intéressée, la lui envoyant sous couvert du Préfet du Noun. Au représentant de l’administration elle aurait plutôt dû diligenter une copie en ampliation et non s’en servir comme facteur, prenant sur elle de faire parvenir la lettre au concerné. Sans doute avait-elle pris la pleine mesure du brulot que constituait une telle épître vis-à-vis de son prestigieux destinataire. Elle qui a le toupet de se permettre envers le Sultan Roi, de lui “rappeler que nous avons changé d’époque”, formulation d’une outrecuidance volontaire. La magistrate municipale excipe de dispositions légales qu’elle maîtrise mal, pour oser lui dire : “Vous n’avez ni qualité, encore moins compétence”  de conduire de tels travaux, n’ayant “aucune attribution en la matière”. On est sidéré devant une telle effronterie ne reposant sur rien de probant. Car l’Honorable Tomaimo confond tout en un douteux amalgame, s’inscrivant dans une démarche de confrontation dont elle aurait pu faire l’économie, celle-ci ne profitant à personne.

S’agirait-il d’une question d’égo où elle veut exercer des représailles pour n’avoir pas été sollicitée aux fins de la délivrance préalable par ses soins d’un Permis de construire ? Alors elle aurait dû se souvenir d’un emblématique précédent, encore frais dans nos mémoires : celui de la restauration du Palais du Sultan Njoya grâce à la contribution financière de l’UNESCO, pour laquelle la mairie n’avait pas eu à établir une quelconque autorisation, mais plutôt à applaudir des deux mains. C’est ce qui était attendu de Mme Tomaimo Ndam Njoya qui, par sa captation d’héritage de l’UDC par les liens du mariage, devrait se demander si son défunt époux aurait agi ainsi. Assurément, il n’aurait pas osé commettre cet affront, notre société bien qu’ayant intégrée des notions occidentales, restant imprégnées de valeurs qui font sa spécificité. Parmi lesquelles le respect aux aînés et aux institutions fondant notre civilisation, surtout quand on est en plus une femme.

Que Mme le Maire ait recouru à différentes procédures dont une mise en demeure pour, écrit-elle non sans impudence, “ramener à la raison” le Sultan et “arrêter cette imposture” comme si le monument détruit était l’œuvre de la commune, relève de l’hérésie. La déférence qui est due à l’autorité morale que représente le Roi des Bamoun ne pouvant souffrir d’une telle infamie. Loin de décrédibiliser Sa Majesté Ibrahim Mbombo Njoya, de tels propos n’ont pour résultat que de jeter le discrédit sur leur auteur, ses douteux agissements étant perçus pour ce qu’ils sont : une maladroite fanfaronnade qui rappelle le dicton : “l’enfant se pose en s’opposant à l’adulte”. Pourtant, il n’y a aucune commune mesure entre des fonctions actuelles de Maire conduisant un quinquennat dans une commune d’un royaume en comptant plusieurs, et la stature du Sultan Roi qui, au demeurant, l’est à vie. Lui ancien ministre de la République, qui justement quitta ses prestigieuses fonctions gouvernementales pour s’occuper exclusivement de sa charge royale, d’autres choisissant de cumuler sans que cela provoque des levées de boucliers. Voilà bien l’éclatante illustration de la haute idée qu’il a de cette mission reçue du destin Divin.

Sur une accusation que porte Mme le Maire contre Sa Majesté, un lapsus calami est révélateur, et nous montre de manière crue qu’elle ne sait pas ce qu’elle dit.  Car elle menace ainsi le Roi : “Avoir ordonné à votre armée de porter atteinte à la vie et à celle de mes proches, le 02 décembre dernier, (…) va vous coûter, à vous et vos commanditaires, de répondre de vos actes devant la justice”.

Du haut de sa position actuelle à la tête d’un grand royaume, membre du Bureau politique du parti proche du pouvoir, quels commanditaires peut avoir Sa Majesté Ibrahim Mbombo Njoya ? Son Excellence Paul Biya ? Donald Trump ?

Si la justice a été saisie par elle d’une telle affaire il ne faudrait pas qu’elle fasse preuve de triomphalisme, ester ne signifiant pas avoir gain de cause. Dans le cas d’espèce il faut laisser faire sereinement son travail et rendre un verdict. Connaissant la rectitude morale du Sultan et son légalisme, je n’ose imaginer qu’un tel grief de bas étage puisse être relevé contre lui. Et je subodore qu’on s’acheminera vers une dénonciation calomnieuse dont il faudrait se méfier de l’éventuel effet boomerang, devant les prétoires et dans les urnes. Oui, sans doute une telle plainte débouchera sur un non-lieu vis-à-vis du Roi Ibrahim Mbombo Njoya, pour faits non établis. Et qu’alors, Mme le Maire en mauvaise perdante n’aille surtout pas parler de magistrats aux ordres, puisqu’en saisissant les tribunaux, elle montre sa confiance en notre justice, appelée à dire le droit devant Dieu et les hommes.

Comme conséquences politiques,  nul doute que de nombreux citoyens électeurs de son vivier électoral qu’est Foumban prendront leurs distancés d’une rébellion aussi manifeste envers le Palais et n’ayant ni rime ni raison. Ces menées de désacralisation d’un Roi suscitant un unanime rejet chez les Bamoun, qui savent que si l’honneur de leur monarque est mis en cause, c’est leur honneur à tous qui s’en trouve impacté.

Pour l’instant, que l’Honorable Tomaimo Ndam Njoya se ravisant, se détourne promptement de toute tentative de démolition de l’ouvrage en question, comme elle en a la prétention. Au lieu d’une telle velléité, elle devrait faire amende honorable en s’excusant auprès de Sa Majesté. Il est évident qu’elle a voulu se servir de ce dossier pour des buts aux relents politiques, en n’intégrant pas le fait qu’opposition ne signifie pas adversité permanente. Les actions d’intérêt général devant être saluées d’où qu’elles viennent !

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