Depuis quelques années le Mali est confronté à une des épreuves les plus décisives de son histoire. Les multiples coups de forces et des rébellions armées ont plongé le pays dans l’impasse. A l’approche des élections générales de 2022, qui marqueront un retour à l’ordre institutionnel et la fin de la transition politique, c’est plutôt la perspective menaçante d’une nouvelle crise qui inquiète toute une nation qui aspire à la concorde et la paix.
Depuis son accession à l’indépendance le 22 septembre 1960, le Mali n’a guère connu de véritable élection « démocratique » sinon celle d’avril 2007 qui a vu la victoire d’amadou Toumani Touré et surtout celle de 2012 qui a présenté toutes les caractéristiques d’une élection libre, transparente et inclusive dans son déroulement pré-électoral et qui a conduit Ibrahim Boubacar Keita au pouvoir.
On aurait cru une nouvelle ère dans un pays qui avait déjà enregistré trois coups d’Etat et dont la rébellion était disposée à la négociation. Bien- sûr que non, c’était mal connaitre le Mali puisque les évènements du 18 aout 2020 replongent le pays dans une incertitude. Un coup d’Etat orchestré par les militaires du camp soundiata Keita situé à Kati à 15 kilomètres de Bamako change tout. Le colonel Assimi Goita et ses éléments achèvent ainsi un plan de destitution du président IBK longtemps suscité par la rue depuis le 05 juin de la même année. Un comportement voyou de la part des militaires qui prennent régulièrement plaisir à défaire les présidents de leur pays lorsque l’occasion se présente. Plus de 60 ans après les indépendances ,le Mali est au point de départ ou mieux dans un gouffre auquel il se serait jeté lui-même à cause de l’irresponsabilité de ses dirigeants qui ne comprennent pratiquement rien de la gestion du pouvoir et qui demeurent malheureusement à la solde des puissances coloniales qui les maltraitent à leur guise. Au fait, IBK qui vient d’être chassé a été porté au pouvoir par la seule volonté des français un terme d’un processus qui, avec du recul peut être considéré comme l’un des pires storytelling de ce début du XXI ème siècle. C’est encore et malheureusement cette même France qui veut manipuler les autorités de la transition pour installer sur fauteuil présidentiel son candidat qui sera à mesure de préserver ses acquis dans un territoire pourtant malien et que Macron et son équipe voudraient prendre pour pré-carré de la France. Quelle aberration ? Aujourd’hui le Mali semble encore une fois au bord du gouffre et toujours avec un dénominateur commun « le coup d’Etat militaire ».
Depuis son introduction dans la sphère du pouvoir en 1968 par le général Moussa Traoré, le coup d’Etat est devenu au fil du temps le moyen facile par lequel les militaires accèdent au pouvoir et par dessus tout, le pire cauchemar des hommes d’Etat qui aspirent à diriger le pays. L’action irréfléchie des pouvoirs français a conduit le mali dans sa phase insurrectionnelle on dirait un asphyxié par des querelles internes motivées par les forces obscures. A cette allure la perspective d’organiser une bonne élection s’éloigne au regard du recul de l’intelligencia malienne qui se refuse de se lever pour dire non à la bêtise. Hélas c’est pourtant son rôle celui d’avant-gardiste reflétant la diversité des opinions exprimées par peuple dont-elle est représentative. La classe politique malienne ayant suffisamment montrée ses limites, il est impératif que le peuple prenne son destin en main. C’est vrai et nous le savons tous, il y’a des moments dans la vie d’une nation où c’est sa propre survie qui est en jeu. Le rendez-vous de 2022 pourtant décisif pour les maliens ne tranchera pas sur l’avenir de ce pays et ses peuples meurtris par de longues années de guerres civiles bien contrôlées et orientées par le colon Français qui refuse de s’en débarrasser. Les maliens se sont à nouveau soumis contre leur volonté au diktat des militaires assoiffés du pouvoir. Que la recréation cesse.
Maliens prenez votre destin en main. Ce ne sera pas à paris de le faire, encore moins Bruxelles, Ankara, New York que cela va se décider mais de Bamako à Koutiala en passant par Sikasso et Mopti, en fait dans tout le Mali des plus petits villages aux grands centres urbains des ethnies qui se côtoient au quotidien vont forger, unis dans la foi nouvelle, la patrie de la vraie fraternité. Ce combat ne saurait être celui d’un homme, loin de là mais il sera celui d’un peuple. Existe- t-il déjà ce peuple ? Qu’il se mette en mouvement.